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Channel: La Misamour - 3-1-2-4
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“3 1/2 4 – Qu’Est-Ce Que Tu Vas Faire De Moi ?” [Par Bénédicte Desforges]

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Cosmic Woman

Philippe,

Tu sais que pour parler de Toi comme ça, ce n’est pas simple.
Pour le présent, pour le futur,
Les mots me manquent.

Autant que Toi.

Tu es revenu, par ce même train qui t’avait volé à moi le jour de la fontaine en béton. En embuscade au bout du quai, je t’ai tellement cherché dans la foule de voyageurs que je ne t’ai pas vu. Tu es arrivé derrière moi, j’ai sursauté, et tu m’as dit Alors ? Tu ne me reconnais déjà plus ? Moi qui allais te faire la grande scène du deuxième acte, et qui n’étais en plus pas bien sûre d’assurer à l’impro, j’ai aussitôt oublié mon texte et le chewing-gum que je ruminais depuis deux heures, histoire de t’embrasser comme une morfale mentholée sur un quai de gare comme au cinéma.
Vraiment, je m’en veux encore. Je devais deviner le numéro de ton wagon, et courir vers Toi au ralenti en te disant des mots ravissants et inintelligibles qui auraient été couverts par la musique.
Bah. Avec ma salopette et mes tongs, de toute façon ça n’aurait rien donné.

Je t’ai alors embarqué dans ma tanière. Le chien t’a fait la fête, tu as regardé les murs jaunes et blancs, le plafond de bois, l’escalier qui grimpe vers le Love rouge d’Indiana, Bilal sur le mur à coté de pépé Funakoshi et de mes zèbres en codes-barres, le désordre sur la table, la cheminée multicolore, et le jardin derrière les vitres. Et tu as dit Ça me plait ici.

Toi, tout de Toi me plaisait.
Même si j’avais déjà compris que tu étais aussi un drôle de type pas simple du tout et caractériel à ses heures.
(comment ça Toi-même ?)
J’ai enfin caressé ta joue en te disant que je n’avais pensé qu’à ça depuis des jours.
Tout de Toi me plait, je te dis.
Sauf que t’es pas là.

Aujourd’hui, il y a des trains et des avions qui repartent à tire-d’aile.
Il y a des comptes-à-rebours en heures et en jours.
Des semaines qui n’en finissent pas de finir.
Des Après-demain je pourrai dire demain…
Mais demain c’est toujours trop loin.
Et demain, c’est le trac qu’il n’y ait pas de demain.
C’est pour quand la fin du monde ?

À chaque marge de ce temps découpé, qui me semble aussi loin que des horizons vus du ciel, il y a Toi.
Entre les deux, il y a peu de choses. J’ai du mal parfois.
J’attends en minable Pénélope, brodant et défaisant des mots.
En alchimiste de pacotille qui mêle de la consonne affolée à des voyelles rondes.
Et en plus, tu vois, je n’ai pas envie de t’écrire.
Plus maintenant que je connais l’odeur de ta peau.

Tumemanquesjepenseàtoiappellemoicesoirvivementvendrediàquelleheuretarrivesjesuis
danslebrouillardjetembrasseaussifortquejetaime…

La litanie de l’absence. Qui manque de synonymes.

Attends-moi, j’arrive, je passe, deux petits tours et puis je m’en vais, deux petits jours en coup de vent, boire un verre de bon vin dans ton vieux fauteuil en paille sous la lune de la fenêtre vers le ciel. Laisse la clé des champs sur la porte.
Mais j’ai tellement envie de rester.

Viens vite, j’ai la dalle de Toi…

Pourquoi je ne peux pas me passer de Toi ?

Je veux juste… tout.
Être beaucoup toujours à Toi avec Toi,
Ne pas te quitter, ou alors pas trop longtemps et pas trop loin,
Être ta gonzesse, ta femme, ta femelle,
Ta jumelle cosmique de la même vendange,
La Bonnie de mon Clyde, l’épée de mon Highlander.
Être ton pote du même âge et des mêmes musiques,
Refaire le monde avec Toi avant qu’il ne nous la fasse à l’envers,
Qu’on s’aime comme des malades et plus encore,
Être ton co-auteur de notre futur.
Je veux tout, et tout c’est Toi.

Alors, qu’est-ce que tu vas faire de moi ?



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[Bénédicte Desforges – Février 2009]


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